Pour l’ARC, en effet, les charges ont subi une hausse de 3,9 % en 2016 . Ce studio est proposé pour un loyer de 365 € charges comprises par mois. « Souvent les bailleurs ne maîtrisent pas les règles ou ils s’en moquent, l’important à leurs yeux étant qu’ils puissent au moins rembourser, grâce au loyer perçu, les mensualités du crédit souscrit pour acheter le logement mis en location ». Quoi qu’il en soit, le titre ne reflète pas vraiment le contenu de l’article et son auteur ne l’explicite pas. L’article de Leinberger est antérieur à celui de Florida mais il est présenté ici en deuxième parce qu’il a été jugé préférable de mettre en évidence l’analyse articulant l’économique et l’aménagement urbain. Florida tente une fois de plus de promouvoir sa thèse sur les classes créatives. La thèse de l’inversion qui rend compte des flux de « migrations » internes à la métropole participe simplement d’un discours reposant sur l’observation et l’intuition. Florida rappelle sa thèse sur les « classes créatives » et insiste sur l’avènement d’une économie de plus en plus tournée vers les idées et les connaissances (Florida, 2002 ; Paris & Veltz, 2010) que certains, à la suite de Daniel Cohen, dénomment « capitalisme post-industriel » ou encore cognitif.
Avez-vous des idées ? Les idées de Richard Florida et Christopher B. Leinberger convergent pour affirmer que la maison individuelle n’est plus vraiment le modèle de l’habitat et qu’il ne serait plus vraiment adapté aux modes de vie contemporains. Richard Florida, Christopher Leinberger et Alan Ehrenhalt partagent des idées qui convergent pour faire le constat de l’obsolescence du modèle de la maison individuelle et de la faible densité des suburbs dans la phase actuelle du capitalisme. Ce plaidoyer pour la densité urbaine confirme en fait les thèses défendues par le New Urbanism (NU) qui depuis vingt-cinq ans revendiquent la densité urbaine, la mixité des fonctions et la valorisation des espaces publics au profit du piéton (Duany, Plater-Zyker, Speck, 2000 ; Calthorpe, 2013 ; Ghorra-Gobin, 2014). Ehrenhalt affirme tout au long du livre sa filiation avec les idées du NU. Ils font par ailleurs référence aux écrits de Jane Jacobs (1961) et plaident sur le mode explicite ou indirectement, comme dans le cas de Florida, pour les thèses du New Urbanism (Kunstler, 1994 ; Duany, Plater-Zyberk, Speck, 2000 ; Talen, 2005 ; Ghorra-Gobin, 2014). Florida (plus que les deux autres urbanistes) insiste sur la restructuration économique et spatiale qui affecte le territoire national.
Quant aux banlieues, elles attireraient une partie des immigrés, comme l’atteste le terme « d’ethnoburb » (Li, 2012), ainsi que les ménages qui n’ont plus les moyens de vivre en ville, compte tenu de la hausse des prix de l’immobilier. Dans son ouvrage de 2012 intitulé The Great Inversion, Alan Ehrenhalt reprend en grande partie les analyses présentées par Florida et Leinberger et, comme eux, établit un lien entre la crise et l’avenir de la maison individuelle. Florida ne poursuit pas vraiment la réflexion sur l’avenir de la maison individuelle. Ehrenhalt fait également l’hypothèse que les suburbs ne bénéficiant pas d’un système de transports en commun et par ailleurs éloignés des zones d’emplois présenteraient le risque de devenir les « slums » des années 2030. Le choix du terme -emprunté à Leinberger- peut paraître maladroit dans la mesure où Ehrenhalt évoque les quartiers abandonnés par les pouvoirs publics et les investisseurs privés.
A-t-il cherché à attirer les lecteurs en reprenant le terme utilisé par Mike Davis dans Planet of Slums (2007) ? Il se peut également que ce titre ait été choisi par le comité éditorial de la revue. Dans son argumentation optimiste en faveur du rebond de l’économie américaine, Florida va jusqu’à emprunter le concept de « spatial fix » à David Harvey (2007). . Florida et Leinberger prennent la crise comme point de départ ; le premier insiste sur les transformations inhérentes au capitalisme et son impact sur la forme urbaine alors que le second met l’accent sur la question sociale pour évoquer les phénomènes de restructuration spatiale. Elles diffèrent toutefois lorsque le premier met l’accent sur les contraintes économiques alors que le second s’intéresse plus aux bouleversements du marché immobilier à la suite de la crise. La crise immobilière ou crise des subprimes a été l’objet de nombreux travaux critiques sur le rôle des banques et les conditions dans lesquelles se sont retrouvées les victimes suite aux saisies. En fait, Leinberger se contente de préconisations suite à la visite de quartiers suburbains délaissés par les victimes de la crise.